lundi 25 mai 2015

La Bataille de Giré Spi (Tal Abyad)

Giré Spi

Située à la frontière turque, dans le gouvernorat d'Al-Raqqah (la pseudo capitale de DAESH), district de Tal Abyad (le nom arabe de Giré Spi), la ville (et le district) se trouve très exactement entre les deux cantons du Rojava que sont celui de Kobané et celui de Céziré.

Giré Spi est tombée aux mains de DAESH le 30 Juin 2014. Sa position à la frontière turque, et le fait que le point de passage soit resté ouvert (alors que ces enfoirés de turcs interdisent tout commerce sur Kobané et même l'accès aux ONG ou l'aide humanitaire) permet à l'EI de faire rentrer du matériel, de l'engrais (le phosphate d’ammonium permet de fabriquer des bombes pour les attentats suicide entre autres), des renforts venant du monde entier, d'exporter le pétrole qu'ils ont pompé dans les zones qu'ils contrôlent, etc... 

Bref, Giré Spi est le symbole absolu de la collaboration Turquie-DAESH.

Les Enjeux

  • Réunifier une partie du Rojava - cantons de Kobani + Céziré.
  • Quel sera le statut du district de Tal Abyad si l'opération réussit?
  • Stopper le trafic DAESH <-> Turquie.
  • Permettre le transfert de troupes et de matériel en provenance d'Iraq sans demander la permission à la turquie.
  • En finir avec la poche de Sarrin une fois la situation stabilisée.
  • Prémisses au franchissement de l'Euphrate pour rejoindre le canton d'Éfrin...

Situation au 24 Mai 2015


Plus que toute autre bataille précédente, celle-ci permettra de juger la force des YPG, parce qu'il est évident que DAESH ne va pas se laisser faire. On pourra aussi juger du niveau de coordination entre les YPG des 2 cantons.

Il va falloir faire attention aussi à la réaction de la Turquie, parce que la longueur de ce front continu tenu par les kurdes risque de provoquer des incidents frontaliers récurrents.





samedi 16 mai 2015

Le Mont Abdel Aziz

Un point stratégique



Situé au SUD-EST d'ASAKA, cette montagne sert de base arrière à DAESH depuis la fin de l'année 2014 pour lancer des offensives sur les villages bordant la rivière Kabour, en grande majorité peuplés de chrétiens assyriens.




Durant tout le mois d'Avril, les troupes kurdes, chrétiennes et arabes ont repris pratiquement tous les villages entre Tel Tamir et Hasaka, et entre Tel Tamir et  Sérékaniyé (Ain'el Arab) au NORD.

Depuis  le 11 Mai, la coalition YPG/MFS/Burkan al­ Furat a lancé plusieurs offensives en direction de Giré Spi (Tel Abyad) le long de la route M4, et ce qui nous intéresse ici, en direction du SUD.

Le contrôle complet de cette petite chaîne montagneuse devrait être effectif avant la fin du mois, assurant ainsi la protection de tout le SUD de Til Tamer et du flanc OUEST d'Asaka.

Observation: Si l'opération réussit, DAESH va avoir de gros gros problèmes, parce que cela constituerai un prélude à la réunification du canton de Kobané à l'OUEST et celui de Céziré à l'EST, soit les deux tiers du Rojava.



dimanche 10 mai 2015

Sarrin, le pège

Sarrin, un piège... pour qui?

Voilà environ 1 mois la bataille de Sarrin débutait, et après avoir commencé à l'encercler, les troupes kurdes (YPG/YPJ) et FSA semblent marquer le pas.

Dans mon article précédent je montrais pourquoi Sarrin était stratégiquement important du fait de sa position verrouillant le flanc sud du canton de Kobani.


Parce qu'il a combattu contre les Russes, Omar... (IMAGE TIRÉE D'UNE VIDÉO DE L'EI)

DAESH (EI) ne s'y est pas trompé, renforçant constamment la ville par le sud, et multipliant les contre-attaques. Des rumeurs laisseraient entendre que Omar al-Chichani lui-même aurait pris le commandement de la bataille.

Le front au 9 Mai :



Au premier abord on pourrait croire que la situation est en faveur de DAESH, surtout que les YPG/FSA n'ont plus le support des armes lourdes (en théorie) des peshmergas rentrés en Iraq au début du mois, mais...

Mais voilà, rien n'oblige les forces kurdes à lancer l'assaut sur Sarrin, ils peuvent tenir leur position assez facilement, ils ont l'avantage du terrain. En fait leur présence sur ce front je l'ai dit, hautement stratégique, oblige l'EI à mobiliser beaucoup de troupes (leurs meilleures?), et donc à délaisser d'autres fronts. Sarrin ne serait pas le piège dans lequel DAESH voudrait amener ceux qui l'ont humilié à Kobani, mais bel et bien un piège pour DAESH même, car ...

Pendant ce temps là, les YPG/FSA du canton de Kobani ont été très actif sur le front EST/SUD-EST.


Vous l'aurez compris, ce qu'il nous faut surveiller dans les prochaines semaines ce sont les combats et avancées des kurdes sur les fronts SUD et EST du canton et particulièrement la chute de Sash.


lundi 20 avril 2015

La bataille de Sarin

Quel enjeu?

La bataille de Sarin a déjà commencé. La semaine dernière avec la prise de la cimenterie Lafarge, les YPG/YPJ/FSA ont verrouillé leur flanc EST. Entre l'Euphrate et la cimenterie ils contrôleraient 99% de cette portion de la route M4.

La carte du front le 17/04/2015 (en fonction des infos disponibles à ce moment)


Le relief joue ici un rôle capital, les forces kurdes contrôlent les hauteurs à l'OUEST de Sarin sur l'Euphrate. L'état islamique (EI) tente de renforcer Sarin par le sud, car Sarin est la seule voie d'accès au SUD-OUEST du canton de Kobané et à cette portion de la route M4.

Le front, si Sarin tombe aux mains des forces kurdes, devrait ressembler à ceci :


Les forces kurdes tenant les hauteurs au SUD-EST de Sarin fermeraient définitivement l'accès au SUD du canton de Kobani à l'EI  (ligne rouge). Ce front serait beaucoup plus facile à tenir pour les YPG, ils domineraient complètement (au sens strict) le terrain.

Et après?

Une fois verrouillé l'EI au SUD-EST, les YPG ont plusieurs options :
  1. Lancer une offensive sur Raqqa (la capitale auto-proclamée de l'EI) au SUD-EST du canton. Mais les kurdes ne sont pas idiots, ce serait beaucoup trop dangereux de laisser des troupes de l'EI au NORD sur leurs arrières (Giré Spi Tal Abyad).
  2. Lancer une offensive à l'OUEST, en direction de Giré Spi (Tal Abyad) justement afin de mettre fin au support évident de l'EI par la Turquie, et ensuite faire la jonction avec le governorat d'Hassaké. Cette jonction permettrait aux YPG de recevoir une aide directe du Kurdistan iraquien, et peut-être obtenir des armes lourdes et des renforts échappant au contrôle de la Turquie.
  3. Franchir l'Euphrate.
Il va donc être très instructif de voir non seulement comment va se dérouler cette bataille, mais aussi la stratégie dans les semaines qui suivront. (notez que je penche fortement pour le plan 2). 

Attention! L'EI a peut-être décidé de faire de cette bataille une revanche à leur défaite lors du siège de Kobané, mais cela me semble 'géographiquement' improbable.


dimanche 12 avril 2015

Le Rojava et les Yézidis

Les monts Sinjar sont principalement peuplés par des Yézidis qui les vénèrent et les considèrent comme l'endroit le plus haut où l'arche de Noé s'est installée après le Déluge biblique. (wikipedia)


Fig. 1

En août 2014, environ 40 000 Yazidis attaqués par l'État islamique autour de la ville de Sinjâr se réfugient dans ces montagnes. Depuis, les YPG (syriens) aidés des peshmergas (irakiens) contrôlent ses monts et DAESH perd lentement du terrain dans cette région.


À terme, les Yézidis demandent sinon leur indépendance, du moins une véritable autonomie. Considérés comme étant d'origine kurde, la majeure partie des Yézidis sont administrativement iraquiens, mais une fois DAESH repoussé les kurdes d'Iraq qui abritent beaucoup de réfugiés Yézidis vont certainement demander le rattachement administratif de cette région au Kurdistan.

Mais voilà, les Yézidis s'étant sentis trahis par les peshmergas (lors de l'offensive de DAESH, les peshmerghas du Sinjar se sont repliés sur Kirkourk pour empêcher qu'il tombe alors même que les troupes de l'armée irakienne fuyaient la ville) n'envisagent pas une telle solution.

Durant le siège des Monts Sinjar, les YPG/YPJ (PKK) Syriens ont commencé à former des groupes d'auto-défense (mixtes!) et participent quotidiennement aux combats contre DAESH. On peut dès lors se poser la question suivante : l'avenir des Yézidis ne serait-il pas mieux assuré par une intégration au Rojava (Kurdistan de l'ouest) ?


Lire:


La figure.1 permet de situer les monts Sinjar et la figure.2 montre le relief détaillé de cette région. La frontière syrienne est en rouge.

Monts Sinjar
Fig. 2
Géographiquement, le Sinjar a plus d'affinités avec le Rojava qu'avec le Kurdistan irakien duquel il est séparé par des zones d'influence à dominante arabe. Dans tous les cas l'indépendance totale des Yézidis parait impossible, et donc un choix démocratique devra être fait par les Yézidis eux-mêmes qui déterminera le monde dans lequel ils veulent vivre en paix, car n'en doutons pas, tout choix imposé, que ce soit par les kurdes ou par l'Irak sera irrémédiablement source de tensions et prémisse à de futurs conflits voire génocides.